Bio

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Impossible, impensable, de commencer à évoquer Antoine Brodin par un bout ou un autre, un début, à l'endroit. Ou à l'envers, d'ailleurs. Comme ses pièces, il faut le prendre à la fois dans un avant, un pendant, un après. On pensera alors qu'il en est de même pour tout le monde, qu'un brin de biographie pourrait étancher une soif de comprendre, de savoir, de classer, de caler et qu'il s’agirait, méthodologiquement parlant, d'une approche cohérente, non définitoire, permettant d'ouvrir à la connaissance du personnage. Là non. Tout bonnement. Il suffit d'avoir conversé sous les étoiles, sur une terrasse, entre les plantes harrisoniennes, de sociologie morinienne, de science fiction damasienne, de considérations jodorowskyennes, d'ouvertures lévi-straussiennes, de quelques fantaisies astrophysiques, de changements de paradigmes, de ses origines, pour savoir qu'il est de la trempe des peu classables et qu'il préfère éviter de l'être, de ceux qui ne marchent pas droit, des aventuriers de la cafetière, des buveurs d'imaginaires, des arpenteurs des grandes marches de l'esprit, des accidentés repétassés, de ceux qui aiment respirer le monde et faire s'en toucher les fils, des curieux, des chercheurs, des pensées labyrinthiques. Il faut faire confiance alors à la première chose qui vient. Les mots qui ont constellés au dessus de nos têtes ? Déplacements, mouvements, équilibres, débordements, augmentations, entropie, partage, contemplation, agitation, mélancolie, ravissement, chaos, cosmos, tous les cosmos.

Parler avec Antoine Brodin, c'est de toute évidence broder. C'est tisser une conversation. C'est bricoler ensemble (avec les moyens du bord) des réflexions, des perspectives, ce qui offre par ailleurs une porte d'entrée pertinente dans son travail d'artiste, de poète, de dessinateur, de souffleur de verre. L’on pense fort à la fameuse phrase de Victor Hugo « La forme c'est le fond qui remonte à la surface ».

Ses inspirations sont japonaises, cosmiques, historiques, artistiques, arabes, orientales, indiennes, amérindiennes, elles ont quelque chose de la beat generation, elles viennent des grottes ornées, et son esprit est peuplé de bouts d'exotisme, de bouts de langages, de références, qu'il articule créolement. A dire vrai, nous le trouvons assez nomade, et même migrateur, voire migrant. Il y a aussi du fantastique et du romantique en lui. Ses textes (ses objets), nous montrent bien que ça s'agite sous la caboche tout le temps, que tout fait référence, qu'il aime relier, que ça croise. Que ça combine, il opère des branchements. Et c'est un choix. Un choix insinué par l'artiste, qui cherche des pistes, qui tourne autour de l'idée, peut-être, d'un changement de paradigme, d'un changement non pas dans les pratiques, mais dans la perception qu'il aurait lui même de son cheminement. Laisser certaines conceptions au bord du chemin pour en embrasser d'autres, continuer la même chose mais en en prenant conscience différemment. Une sorte de distanciation ? C'est un style, une philosophie, une approche, un sillon, des matières, des mots, des symboles, qui continuent de se mettre en place. Car l'artiste est en suspension.

Texte de Manuel Fadat

 

 



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